C’est l’histoire d’un type qui a une douleur au dos, une douleur un peu sourde, comme un point qui bloque, souvent, ça lance au-dessus du coccyx. Ça doit être la position quand il travaille, sûrement, ou bien c’est de naissance, ou les deux. Il faut dire qu’il passe ses journées devant son ordinateur, il a une « vie de bureau » et il est bien fier chaque fois qu’il marche 12 minutes dans la rue pour prendre l’air auprès des pots d’échappements ou dans un petit parc étroit et sympathique.
Un jour, il trouve un petit coussin dur et s’assoit dans une pièce. C’est si simple que ça l’ennuie d’avance. Il a du mal à comprendre ce qu’il se passe, d’ailleurs il ne sait pas vraiment s’il faut comprendre quelque chose ou ne plus s’agripper à . . ou bien . . ..
Il respire plus lentement, il s’enfonce dans le sol, se stabilise. Ses pensées ressemblent à ça
et si tu . ; . . . . . Hier j’aurais peut-êt . . . . Et si tout à coup là maintenant surgissaient trois personnes et que dans l . ; . ; . .
Lentement et très soudainement à la fois, il a la sensation étrange de redevenir lui-même. Il se lave de l’intérieur, une bonne douche. Il ne fait rien, pourtant. Il a lu Pascal, un peu, pendant ses études, où des professeurs lui ont expliqué, il ne sait plus trop. On l’a rencardé sur cette théorie, qui dit que l’entièreté du malheur humain tient à l’incapacité d’être au repos, le cul vissé sur une chaise. Bien sûr, il n’a pas lu « cul » dans les Pensées de Pascal, il le rajoute dans sa tête, les philosophes ne sont pas aussi vulgaires, enfin la plupart, enfin ceux qu’il a lu.
Les pensées sont des petits wagons, des petits trains comme ça qui passent et qui défilent joliment, son imagination lui raconte des images et c’est la chos ; . . .
e la plus belle que peut faire un esprit humain sans doute mais il a décidé que cette fois il était derrière l’imagination il n’était plus dedans et son corps lui permet car il est statique et en sécurité bien hydraté et nourri et le train des pensées défile et c’est un cinéma une caverne sympathique (pas toujours) qui part comme ça qui s’en va qui revient en fait c’est pas un train un grand train c’est une g ; ; . . .
Il respire à longs traits.
. ; . are qui n’a pas de gravité les trains arrivent rebroussent chemin partent en haut ou en diagonale c’est le brouhaha souvent, souvent, souvent, souvent, souvent, sauf quand dans la gare il y a de la musique par exemple alors à ce moment-là les trains sont plus joyeux ou calmes et puis aussi quand il y a un peu d’alcool il se passe autre chose peut-être mais les trains sont toujours là toujours là là quand il marche là quand il mange là et puis ici et repartent par là-bas et chouffww un autre et un autre et un autre et puis ; ; . ; . ; . .
Il sort de la gare. Il y a un monde dehors, qui est un monde dedans. Il respire, il l’explore.
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Il médite.
Solipsisme [n.m.] : Théorie d'après laquelle il n'y aurait pour le sujet pensant d'autre réalité que lui-même. Une prose légère où j'explore ce thème.
Je déteste tellement l'ennui que j'en ai fait une petite poésie.